Vers une abrogation de la réforme des retraites ?

Vous n’êtes pas sans savoir que le nouveau gouvernement, fraichement nommé, va devoir durant les prochains mois, ménager la « chèvre et le chou ». Il a d’ailleurs très rapidement admis que le dossier de la réforme des retraites, serait tout en haut de la pile de ses priorités.

Autre priorité du nouveau 1er ministre, pouvoir contenter les majorités à l’Assemblée Nationale et éviter le couperet de la motion de censure. On se souvient que les différents partis politiques avaient en tête des réformes très opposées.

Des souhaits initiaux opposés

Ainsi, la majorité présidentielle de l’époque, souhaitait le passage à 64 ans, tandis que les Républicains poussaient pour un départ à 65 ans. Du côté du Rassemblement National et de LFI, l’idée était plutôt à un retour au départ à 60 ans tandis que le parti socialiste proposait un statut quo sur l’âge de départ. Ces 3 partis, minoritaires à l’époque, ont dorénavant un pouvoir obstruant beaucoup plus important au sein de l’hémicycle.

C’est dans ce contexte que le Rassemblement National a déposé auprès de l’Assemblée nationale le 18 septembre dernier, une proposition de loi visant tout bonnement à abroger la réforme des retraites. Il propose de rétablir l’ancienne réglementation à savoir, un départ à 62 ans dès la génération 1955 et un nombre de trimestres demandés de 168 à compter de la génération 1961. En revanche, aucun détail n’est apporté quant à la mise en œuvre de cette nouvelle réglementation et notamment sur la rétroactivité de cette abrogation pour les pensionnés impactés par la réforme.

Quelle réaction face au discours de politique général ?

Le Rassemblement National argue qu’outre la forme de la mise en place de cette réforme (manifestations multiples, 49-3 utilisé par Elisabeth BORNE, procédure accélérée devant l’Assemblée nationale), c’est surtout une raison économique qui devrait nous obliger à revenir en arrière.

Le parti de Marine LE PEN se base sur une note de la DREES qui indique qu’un relèvement de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans entraînera près de 3,6 milliards d’euros de dépenses sociales supplémentaires (sur la base des dépenses engagées en 2019 au titre des indemnités journalières, de l’allocation adultes handicapés ou encore des rentes d’accident du travail/maladie professionnelle). Enfin le parti reprend le dernier rapport du COR publié le 13 juin 2024 indique que même dans le scénario le plus optimiste en termes de croissance et d’emploi, le retour à l’équilibre ne pourrait être constaté qu’en 2070.

Le Rassemblement National devra certainement proposer dans les semaines à venir, des solutions alternatives une fois cette abrogation entérinée. Monsieur BARNIER de son côté, lors de son discours de politique général, a préféré évoquer une « correction de la réforme » plus qu’un retour en arrière.